Présentation
Jouer collectif, Dimoné savait déjà faire. Avec intuition et sous diverses formes, couleurs, matières. Avec Jean-Christophe Sirven, fidèle acolyte durant 10 ans de nomadisme en duo. Avec Bancal Chéri*, « super groupe » impétueux, toujours sur les routes. Dans des Carte Noire*, des Ligne Bleue*, du Boby Lapointe Repiqué*, entre autres performances confluentes et amicales.
Alors aujourd’hui point de portrait du musicien au singulier sur la pochette. C’est la photographie d’un Band qui s’affiche en couverture. Dimoné est au centre avec deux noms sur la façade, le sien et Kursed, combo rock lui aussi Montpellierain. Un groupe à la fois garage et érudit, cuir et velours, spontané et aguerri.
La rencontre n’est pas fortuite. Dimoné les voit sur scène, plusieurs fois. Il est séduit par l’acuité, le son et l’élégance. Il frappe à leur porte, se présente avant de les inviter à s’assoir plus tard chez lui et leur chanter une paire de chansons en gestation pour un album à venir. Une auto-audition pas banale, presque à poil dans son salon. Le courant passe. C’est justement de cela dont il a besoin: de courant, d’électricité, de fluide, de secousse.
Voici « Mon Amorce», 5ème album, 20 ans après « Effets Pervers » son premier solo. Un titre en écho à « Mon Amour » et en filigrane une Renaissance tel un mouvement qui propulse pour aller de l’avant. Surtout aller ailleurs avec cette idée du groupe comme un territoire à découvrir et que l’on cherche à s’approprier par tous les moyens. L’envie de défourailler avec des flingues, des couteaux, des guitares, presque un fantasme de jeunesse. Mais avec de bonnes intentions, du moins une, tel un sacerdoce : faire la paix entre chanson et rock. Pour Dimoné, c’est le moment.
Le moment de ne plus justifier sa démarche, de ne plus en ressentir le besoin. L’instant où l’on se sent enfin prêt à déplaire même si on garde toujours l’envie de séduire. Le temps de l’assemblage est venu. 50 piges c’est un bon chiffre pour cela. Malgré les bornes aux compteurs et les honneurs multiples, Dimoné sait qu’il n’est pas attendu. Le bon moment pour changer de confort.
Ça commence par « C’est nickel », introduction à la stabilité trompeuse, parfaite pour poser le décor en trompe l’œil. Parfois, « Ça Tangue » quand guitares acérées et clavinet fringuant ne se perdent pas de vue malgré les remous. On tombe sur « Les Pages » un slam en forme d’ellipse percussive telle une respiration avant « Le Nord » tranchant et retrouvé. Et pour finir son tour de pistes « L’Amorce » en épilogue, façon de nous garder jusqu’au bout de l’aventure. 10 titres et partout une électricité organique, des riffs en pagaille mais sans gimmicks, parfois 3 guitares ensemble mais sans vacarme, laissant aux chansons, à la poésie toujours intacte de son auteur, le soin de nous surprendre et de nous séduire à nouveau.
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